• d'extrait en extrait


    La Mère...

     

    Cette année 1962, le monde du cinéma fut endeuillé par la perte de Marilyn Monroe. Elle fut retrouvée morte dans son lit, en possession de somnifères et d'un téléphone (Ne voulait-elle pas appeler à l'aide ?).

    Ce 5 Août, Norma Jean Mortensen (de son vrai nom) laissera le souvenir d'une femme mariée trois fois, mythe de la star hollywoodienne, l'incarnation de la beauté mais aussi de la vulnérabilité. Son nom restera associé à celui du clan Kennedy. Certaines rumeurs parlent non plus de suicide mais d'éventuel assassinat…

    L'actrice a été à l'affiche de nombreux succès tels que "Certains l'aiment chaud", film devenu culte.

     

     

    Ce même mois a lieu le non moins célèbre attentat du Petit Clamart, contre le Général De Gaulle, en région parisienne.

     

    1963 : l'année commencera par une grande vague de froid dès la mi-Janvier : presque 25 cm autour d'Aix-en-Provence !

    Fin Janvier et début Février la neige tombe en abondance et la température chute : -14 à Diard située en bord de mer ; une banquise se forme à Dunkerque.

    L'hiver 1962-63 fut alors considéré comme le plus long du siècle puisque les gelées commencèrent vers la mi-Novembre 1962 pour se terminer début Mars avec de petites accalmies intermédiaires. Par endroit, le sol gèlera jusqu'à soixante centimètres de profondeur.

     

    Attentat contre John Fitzgerald Kennedy. Mort d'Edith Piaf.

     

     

     

    bateau

     

     

     

     

    Chapitre II

     

    Trahison

     

     

    Son second enfant… Préoccupation, et pas des moindres : elle a découvert que son mari la trompe avec une mineure.

    Comme chaque matin, après le passage du facteur, elle avait relevé le courrier, ouvert les enveloppes et pris connaissance de leur contenu ; en principe l’essentiel de leurs correspondances était composé de factures, de devis et autres choses du même genre. Ils recevaient rarement de courrier personnel, la famille demeurant dans les alentours et les contacts se faisant par le biais de visites relativement fréquentes.

    C’est donc tout à fait machinalement qu’elle ouvre, ce jour-là, une des lettres qu’elle a trouvée parmi les autres. Elle commence sa lecture mais ne semble pas en assimiler le contenu car le ton en est personnel, très familier et la missive commence par ces mots :

    "Mon cher Maurice,"

     

    Elle retourne le papier dans ses mains, regarde à nouveau l’adresse sur l’enveloppe, puis la signature et reprend la lecture avec perplexité.  Ce courrier doit être une erreur ! Mais non.  Une jeune fille s’adresse à son époux dans des termes qui pourraient être les siens (ceux d’une épouse), avec, semble-t-il amour et crainte. Elle affirme qu’elle l’aime mais qu’elle suppose être enceinte parce qu’elle n’a pas eu ses règles et que sa poitrine, très gonflée la fait souffrir.  Mais, bon sang ! Claudine se dit qu’elle hallucine. Ce ne peut être vrai, il doit y avoir erreur de destinataire.  

     

    Alors, fébrilement, elle revérifie tout : nom, adresse, signature, cachet de la poste, lit et relit. Elle ne rêve pas : le courrier est bel et bien adressé à son mari et émane véritablement de la personne qu’elle connait (une adolescente qu’ils avaient employée durant sa troisième grossesse). Elle s’effondre sur une chaise tenant toujours le cruel billet dans sa main. Combien de temps reste-t-elle ainsi prostrée, en larmes, elle ne saurait le dire. Elle vaque ensuite à ses affaires telle une automate, s’assied, reprend sa lecture et ainsi de suite.

    Quand arrive le milieu de l’après-midi, elle a pris sa décision : elle part à la recherche de son mari fermement décidée à obtenir une explication. Rageusement, elle parcourt le village sans parvenir à trouver trace de sa présence. Impuissante, elle regagne la maison, couche ses enfants et s’abandonne à sa rancœur, assise dans un coin reculé de la cuisine. La nuit est tombée lorsque Maurice rentre. Il ne la voit pas de suite mais quand il la découvre, il se dit que quelque chose de grave est arrivé, à n’en pas douter. Contrairement à son habitude la jeune femme ne s’est pas levée pour venir lui dire bonsoir, la table n’est pas mise, la pièce est demeurée dans l’obscurité et son visage est hermétique. Que se passe-t-il donc ? Il s’approche, se plante devant elle et questionne :

    - Tu n’as pas préparé à manger ?

     

    Elle reste muette…

    - Mais enfin, réponds-moi : qu’y a-t-il ? Quelque chose est arrivée ?

     

    Â sa grande stupéfaction, il voit sa femme se lever d’un bond, l’empoigner par les épaules, furieuse ; elle l’invective avec rage :

    Que m’as-tu fait ? Tu m’as trompée avec Marie, je le sais ; je viens de lire la lettre qu’elle t’a adressée et où elle te fait savoir qu’elle a peur d’être enceinte de toi ! T’es un beau salaud, une ordure ! Comment as-tu pu faire ça ? Tu te rends compte qu’elle était mineure ! Ses parents pourraient même déposer une plainte contre nous, tu imagines un peu ? Dire que même si votre comportement était un peu bizarre, je n’aurais jamais soupçonné cela : une telle trahison, sous mon toit, en plus ! Je t’ai fait confiance. Jamais je n’ai pensé que tu oserais me faire une telle saloperie. Je passe mon temps à bosser pour le commerce et les gosses, je te sers de bonniche et tout… pendant que monsieur s’offre du bon temps avec une gamine. Une gamine sensée m’aider, s’occuper de tes enfants… Mais tu n’as pas honte ? Non ? Ah, trop, c’est trop ! J’en ai assez, je te quitte ! Je vais demander le divorce et rien ne me fera changer d’avis !

     

    Durand sa tirade elle le secoue, le frappe de coups de poings rageurs sur la poitrine et lui, abasourdi demeure coi. Quand elle se tait enfin, il a déjà analysé la situation et entreprend de la calmer :

    - Mais… ma chérie, ne t’énerve donc pas comme ça… Ce n’est pas ce que tu crois ; je te prie de me faire confiance. Je vais t’expliquer : je n’y suis pour rien, mais vraiment pour rien ! C’est elle qui est responsable ; c’est une aguicheuse comme tu ne peux pas imaginer. Elle n’a pas cessé de me faire des avances… Dès que tu n’étais pas là, elle me provoquait. C’est comme cela qu’elle a fait, un soir, quand je l’ai reconduite chez ses parents. Évidemment, je ne suis qu’un homme, moi, que veux-tu ! Quand elle s’est offerte de cette façon, j’ai tout fait pour la raisonner… Il faut que tu me croies.  Ma chérie, je te le jure : je ne voulais pas que ça arrive. J’admets que j’ai fait une bêtise en lui cédant : j’aurais dû être plus fort. Mais la femme propose et l’homme… ben, ce n’est qu’un homme. J’ai résisté, je te promets. Mais ce soir en question, elle m’avait coincé et moi, ben, j’ai flanché. Ce n’était pas de ma faute, il faut me croire, mon amour.  Je t’aime plus que tout, tu le sais, dis ? Je n’ai jamais recommencé, d’ailleurs : c’était un accident, rien de plus. Je ne pourrais pas vivre sans toi, sans les enfants… Qu’est-ce que je deviendrais, dis ? J’aimerais mieux mourir tout de suite que de vous perdre ! Et puis, qui m’aimerait ensuite, tu sais bien que personne ne m’a jamais aimé, même pas ma mère et encore moins mon père.

     

    Pendant qu’il formulait ses allégations qu’il voulait persuasives, il avait enserré les épaules de son épouse en un geste à la fois protecteur et aimant, puis s’était placé à genoux devant elle, la scrutant attentivement avec un air penaud. Son esprit, pour une fois, lui suggérait de bien choisir les mots d’explications et d’excuses. Il devait absolument la convaincre, et de suite, sous peine de se retrouver en mauvaise posture.

    Il venait de prendre conscience que la tension qu’il avait ressentie en arrivant, la vindicte inattendue de son épouse, son désarroi, le besoin de se justifier sans se mettre en porte à faux, lui ont fait oublier d’éclairer la pièce. Il se leva et actionna l’interrupteur, révélant ainsi les oppositions qui marquaient le visage de Claudine. Il avait besoin de comprendre très rapidement le cheminement de ses pensées afin d’ajuster ses réponses pour la convaincre.

     

    (à suivre...)

     


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