• Manuscrit N° 4

    Voici un extrait de mon manuscrit en cours de finition :

    "..Un jour de Novembre…

     

    Le temps est très maussade ; de larges rafales de vent secouent les grands arbres qui ceinturent le jardin ; de temps à autre, une averse de pluie diluvienne s’abat : un vrai temps de mois de novembre, en somme ! Par la fenêtre, il est possible de voir les grands arbres de la forêt, située au bas du jardin, qui s’agitent tels des silhouettes macabres. Les feuillent mortes virevoltent avec violence. Un temps à ne pas « mettre un chien dehors »….

    Ce matin-là, Claudine, sa mère et son fiancé se sont levés très tôt La maison est rapidement en effervescence. Son fiancé ayant la fâcheuse habitude de ne jamais être ponctuel, il a été décidé qu’il dormirait chez eux, la veille du grand jour, bien que cela soit en contradiction avec les usages de bienséance de l’époque.

    Claudine se prépare, scrute son reflet que la glace de la salle de bains lui renvoie ; elle a quelques difficultés à se familiariser avec son nouveau look, cheveux courts et robe blanche ; elle dépose maintenant, avec soin, un petit diadème duquel s’échappe le long voile de tulle qui s’enroule tout autour d’elle.... Elle n’est pas maquillée, sa mère s’y est opposée… Qu’importe, tout à l’heure, elle sera mariée… Une autre vie commencera…La matinée s’avançait…

    Son visage encore enfantin contraste avec la toilette évocatrice de lendemains voluptueux ; elle est le reflet de l’innocence, pâle, auréolée de ce blanc immaculé. Elle se trouve belle, même sans ce maquillage qu’elle aurait bien aimé appliquer sur son visage. Un tantinet nerveuse elle se raisonne : elle doit vivre pleinement cette journée ; elle se remémore les paroles de sa grand’mère disparue : « Tu sais ma fille, on ne se marie qu’une fois dans sa vie et c’est le plus beau jour ! Il faut en profiter car après c’est fini ! »

    Onze heures viennent de sonner. Le « cortège » des trois voitures s’est mis en route vers la mairie et l’église de ce petit village costarmoricain que je nommerai Trésadou (dans les Côtes d’Armor : on disait Côtes du Nord avant) alors que les rafales de vent deviennent de plus en plus violentes ; pourvu qu’il ne pleuve pas lorsqu’ils vont aller à pied, de la mairie à l’église !

    L’union avait été célébrée dans la plus stricte intimité, c’est le moins que l’on puisse dire ! Petit village, petite mairie, petite assemblée… Ils s’étaient retrouvés artisans démunis, mais avec des rêves, des illusions, un jour de novembre de l’année mille neuf cent soixante-deux, seuls dans un meublé, face à leur destin : un homme imbu de ses prérogatives de "mâle", matchiste satisfait de s'être enfin "casé", et une adolescente ignorante de sa condition, soumise, affamée d'affection et plus encore d'amour qui ne possédait aucune notion pratique de son futur rôle d'épouse et de maîtresse de maison.

     

     

    Voilà, elle n'avait que dix-sept ans, se retrouvait mariée, à dix-huit, elle mettra au monde son premier enfant ! La belle époque, malgré tout en comparaison de ce qu’elle vivra dix ans plus tard : pour elle c’était le temps des rêves fous, des illusions, de l’idéalisme parfois irraisonné, le temps de la jeunesse, durant laquelle elle pensera tout savoir, pouvoir tout changer, mieux faire, n’acceptant surtout aucun conseil émanant des adultes ! Nous sommes tous passés par cette étape et avons, plus ou moins, fait les mêmes expérimentations, heureuses et malheureuses et Claudine n’échappait pas à la règle."

     

     

    Quelques jours après leurs épousailles, un premier conflit silencieux les avait opposés : lui, était resté deux jours entiers sans lui adresser la parole. Perplexe, elle s’était enquise des motifs de cette mine renfrognée, étant donné qu’elle supposait n’avoir rien de particulier à se reprocher :

    - Bien sûr que j’ai une bonne raison de te faire la gueule ! Cherche ! Cherche, ma belle ! Quand tu auras trouvé, tu comprendras ! T’as qu’à savoir ce que c’est ! Démerde-toi ! Je n’ai rien d’autre à te dire ! Pas possible, d’avoir une femme comme ça à la maison…

    Le reproche était lourd de sous-entendus, le ton sec et cassant la mine renfrognée et Claudine n’osa rien rétorquer se contentant de réfléchir longuement et avec inquiétude au pourquoi de la colère de son compagnon. Jeune fille sensible, un rien l’attristait et cette scène la perturbait beaucoup.

     

    En fait, ce jour en question, elle avait simplement omis de vider sa poubelle sur le tas de fumier situé au fond du jardin, avant qu’il revienne du travail. Bien vite, elle s’aperçut que dès qu’elle avait mal accompli une tâche quelconque, il manifestait ainsi sa réprobation, attendant qu’elle trouve seule le motif et la solution ! Cela était exprimé, à chaque fois, dans son langage primaire et sans aucun ménagement, puis il tournait les talons et sortait retrouver ses copains. Alors, elle réfléchissait, tentait de se remémorer les actes des instants ou des jours précédents, fouillant son esprit pour comprendre et tenter de réparer ses fautes, d’améliorer ses performances, quel qu’en ait été le domaine mais jamais elle ne se rebiffait. Ah, la, la ! Il lui en était arrivé de belles avant qu’elle ose réagir, avant qu’elle s’affranchisse et s’affirme ! Telle avait été son "école" de la Vie, mais aussi décevante qu’elle ait pu être, elle avait compris qu’il fallait tirer la leçon de ses erreurs afin de se trouver en mesure de grandir !

     

     


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